Dr. Joëlle Belaisch-Allart : « la loi en France doit changer »

Publié: 10 avril 2015|Actualisé: 20 avril 2022|A propos de la reproduction assistée.|Article révisé par : Équipe médicale d'Eugin

Pour le Dr. Joëlle Belaisch-Allart, vice-présidente du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF), deux pistes d’action sont aujourd’hui prioritaires : mieux informer le grand public sur le rapport entre l’âge et la fertilité féminine. Et permettre aux Françaises qui le souhaitent de bénéficier de l’autoconservation d’ovocytes pour raisons personnelles.

Pourquoi vous prononcez-vous en faveur de la conservation ovocytaire de convenance?
Je préfère parler de congélation d’indication non médicale. Elle me semble souhaitable pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’à partir de 35 ans, la fertilité des femmes commence à baisser d’une manière significative. Or, l’âge du premier enfant a reculé dans nos sociétés, passant de 24,2 ans en 1967 à 28 ans en 2013. Par ailleurs, la vitrification permet aux femmes d’utiliser leurs propres ovocytes, et donc leur matériel génétique, plutôt que celui d’une autre femme. Enfin, pour moi cette possibilité va dans le sens de la liberté individuelle, et de l’égalité entre hommes et femmes.

Quelle est la situation aujourd’hui en France?
La législation française autorise l’autoconservation d’ovocytes uniquement pour des raisons médicales, par exemple avant de subir un traitement potentiellement stérilisant. C’est cette loi qu’il faut changer à mon sens, pour autoriser l’autoconservation d’ovocytes dans d’autres situations, qui ne sont pas forcément médicales. D’autre part, aujourd’hui, seuls 23 centres de PMA en France —sur les 103 que compte notre pays au total- sont habilités par les agences régionales de santé à délivrer ces autorisations. Pour moi, tous les centres de PMA devraient avoir cette possibilité.

Que diriez-vous aux détracteurs de la vitrification ?
Je leur dirais : réfléchissez vraiment, quelles raisons valables avez-vous? En France, 80% des femmes sont mères avant 35 ans, selon des données de l’Institut National d’Études Démographiques. La vitrification d’indication non médicale ne sera pas utilisée par toutes les femmes. Elle s’adressera aux 20% d’entre elles—parmi lesquelles les plus diplômées— qui n’auront pas pu concrétiser plus tôt leur désir d’enfant, et qui voient arriver la chute de fertilité avec angoisse.

Qu’en pensent les spécialistes français de la procréation médicalement assistée?
Une majorité se prononce en faveur de la vitrification d’indication non médicale, mais certains s’y opposent.

Vous dirigez le Centre d’Assistance Médicale à la Procréation du Centre Hospitalier des Quatre Villes. Vous rencontrez donc de nombreuses femmes confrontées à des difficultés en la matière. S’intéressent-elles à la possibilité d’autoconservation ovocytaire ?
Elles sont informées de cette possibilité, par la presse notamment. Mais souvent elles découvrent cette possibilité trop tard, lorsque leur fertilité est déjà très basse.

Que pensez-vous de l’initiative d’Apple et de Facebook, qui financent les traitements d’autoconservation de leurs employées ?
Elle a été très mal comprise, et très critiquée, en France. Il faut tenir compte du contexte des États-Unis, où n’existe pas un système de Sécurité Sociale comme celui que nous connaissons en France ou en Europe. C’est pourquoi je trouve que c’est une idée positive. Aux États-Unis, je la vois comme un plus.

Selon le Dr. Paul Devroey, un des pères de la technique ICSI (fécondation in vitro avec injection spermatique) la vitrification ovocytaire rétablit l’égalité hommes-femmes. Selon vous, comment contribue-t-elle à l’évolution de la société ?
Je dirais plutôt que la vitrification participe à plus d’égalité entre les droits des hommes et ceux des femmes. Mais pour moi, l’essentiel est d’informer mieux les femmes sur l’évolution dans le temps de leur fertilité. Elles doivent savoir qu’à 40 ans, il est trop tard pour congeler leurs ovocytes, ce que même les plus diplômées ignorent ou nient. Il faut informer de la possibilité de l’autoconservation des ovocytes, il faudrait qu’elle devienne légale et accessible partout en Europe, mais en l’encadrant: il ne s’agit pas d’en faire une pratique destinée à remplacer couramment la maternité naturelle, à n’importe quel âge ! Pour moi, il s’agit seulement d’accompagner une évolution sociologique : les femmes retardent leur maternité, on peut trouver cela bien ou mal. Mais pourquoi ne pas proposer une technique médicale qui leur permet d’être mères jusqu’à un âge un peu plus tardif ?

 

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