“Lorsque j’explique aux parents que l’enfant comprend bien qu’il y a quelque chose d’important lié à sa naissance qui doit lui être dit, ils sont immédiatement convaincus ”

Publié: 28 octobre 2014|Actualisé: 20 avril 2022|A propos de la reproduction assistée.|Article révisé par : Équipe médicale d'Eugin

Le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron, qui a participé aux conférences du 15e anniversaire d’Eugin, insiste sur l’importance d’aborder le sujet des origines dans les familles ayant des enfants nés grâce à la PMA

Depuis qu’il a commencé à dévorer les aventures de Tintin, à l’âge de trois ans, le psychiatre et psychanalyste français Serge Tisseron, n’a cessé de s’interroger sur les secrets de famille. Lors de son contact précoce avec l’œuvre d’Hergé, il a été vivement surpris par le fait que les détectives jumeaux Dupont et Dupond portent des noms de famille différents. Trois décennies plus tard, en 1985, il publia un livre fascinant qui signalait un secret de famille comme pierre de Rosette pour déchiffrer l’univers créé par le célèbre créateur belge de bandes dessinées. Des recherches ultérieures ont confirmé ses hypothèses à propos du traumatisme familial d’Hergé. Actuellement, une des principales lignes de travail de Serge Tisseron est liée à la communication entre les parents ayant eu recours aux techniques de PMA et leurs enfants.

Lors de la conférence organisée à l’occasion du 15e anniversaire d’Eugin, le 3 octobre dernier, Tisseron a proposé une réflexion sur les conséquences éventuelles que peut avoir, selon lui, le fait de ne pas dire aux enfants nés grâce à la PMA quelles sont leurs origines. “Le petit pressent à tout moment qu’on lui cache quelque chose et commence à croire que ce qu’on lui cache est quelque chose de douloureux à propos de sa naissance. Il peut renoncer à demander, bien sûr, mais cette question est tellement importante pour un enfant, qu’en fin de compte, il n’osera poser des questions sur rien”.

Si les parents répondent à des questions inévitables du type « maman, d’où viennent les enfants ? » ou « papa, dis-moi, comment suis-je né ? » en étant mal à l’aise et en ayant recours à de faux-fuyants, “le petit grandira dans une ambiance familiale, où il se demandera toujours ce qu’il peut demander ou pas”, explique-t-il. Selon cet éminent chercheur, une situation comme celle-là “endommagera la communication familiale et provoquera de l’insécurité chez l’enfant”.

Les difficultés que de nombreux parents ressentent au moment d’aborder cette question cruciale pour leurs enfants tiennent, selon l’expérience de Tisseron, à deux raisons. D’une part, pour de nombreuses personnes il est douloureux de se remémorer la cascade d’émotions intenses —et pas toujours positives— vécues durant le traitement. La deuxième raison est liée à la tension que peut leur causer le fait d’expliquer à leurs parents comment leur petit-fils a été conçu. “De nombreux parents me disent qu’ils sont prêts à expliquer à leur enfant qu’il est né grâce à la PMA, mais qu’ils ont peur que leur enfant ne le dise aux grands-parents. Et ils me disent : « Ma mère ne supporterait pas de savoir que je suis stérile » ou « Cela ferait du mal à mon père de savoir que la généalogie de la famille s’est brisée », explique Serge Tisseron.

Quel est donc le conseil à donner aux parents qui hésitent à parler de ce sujet avec leurs enfants ? “Lorsque j’explique aux parents que l’enfant comprend bien qu’il y a quelque chose d’important lié à sa naissance qui doit lui être dit, ils sont rapidement convaincus. Pour les parents, la première chose à faire est de l’expliquer à leur enfant, viendra ensuite le moment d’en parler aux grands-parents”.

Comment et quand entamer la conversation est un doute récurrent parmi les parents décidés à parler ouvertement de la PMA. Tisseron conseille d’en parler en présence du petit lorsque qu’il n’a encore que quelques mois et qu’il ne comprend pas encore ce qui est dit. “C’est comme une répétition avant d’interpréter une pièce de théâtre. Le bébé est là, mais il n’est pas encore en condition d’être un spectateur qui comprend la pièce. Les parents peuvent donc la répéter autant de fois qu’ils le voudront face à lui. Ainsi, lorsque l’enfant commencera à poser les premières questions, la mère ou le père, ou les deux, pourront répondre sans problème”.

Un langage adapté à l’enfant

Lorsqu’ à 4 ou 5 ans, l’enfant pose naturellement la question des origines, Tisseron conseille aux parents de lui répondre avec simplicité et correction, en se plaçant physiquement à sa hauteur et en faisant reposer les mots sur des éléments visuels et gestuels. “Il est inutile de tout vouloir expliquer en une fois. Si l’enfant demande comment il est né, cela ne l’aide pas que les parents lui expliquent qu’ils ne pouvaient pas avoir d’enfants, qu’ils sont allés chez le médecin une fois, deux fois, qu’ils sont allés à l’hôpital… Il faut lui expliquer l’essentiel.”

Pour aider les parents à s’en sortir brillamment lors de la première grande conversation avec leurs enfants, Serge Tisseron a publié une fable illustrée qui s’intitule Le mystère des graines à bébé.

Dans le but d’aider les futures mamans lors de ce processus, la Clinique Eugin offre ce livre à ses patientes, qui accueillent très bien cette initiative. Il s’agit d’un ouvrage qui explique, dans un langage qu’un enfant peut comprendre, les différentes manières d’être conçu.

La psychologue d’Eugin, Laura Venereo, considère pour sa part que “la décision de l’expliquer à l’enfant ne dépend que de ses parents. Dans ce cas, il est important de savoir adapter l’information aux questions que l’enfant pose”, explique-t-elle. “L’objectif est que l’enfant lui-même construise sa propre histoire. Si les parents décident d’expliquer à l’enfant quelles sont ses origines, ce type de livre est un bon outil de soutien pour que le petit comprenne et assume tout naturellement les explications liées à sa conception”, conclut-elle.

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